Ce matin, il pleut sur Guangzhou. La ville est recouverte d’un petit brouillard désagréable. Nous restons donc au chaud en attendant l’heure de nous rendre à la gare.
Vers 10h30, nous nous mettons en branle. Sur la route vers la gare qui se situe vraiment hors du centre, nous observons des bâtiments aux formes improbables. Puis, en arrivant à la gare, nous sommes surpris par sa taille. Elle est plus grande que l’aéroport de Genève ! C’est une halle immense !
30 minutes plus tard, nous voilà à Shenzhen ! Nous déposons nos affaires à l’hôtel avant de partir explorer Daifen, un village d’artistes, situé dans l’agglomération de Shenzhen.
Le lieu a été fondé par un homme d’affaires et peintre hongkongais en 1989. En effet, à cette époque là, la multinationale Walmart aurait commandé au businessman 40’000 tableaux à livrer en 40 jours. Il aurait donc ouvert un studio à Daifen et engagé de nombreux copistes…
Le succès est au rendez-vous. Il crée donc une usine, ce qui attire de nombreux jeunes artistes qui viennent s’y établir et le lieu devient la capitale mondiale de la copie de toiles.
En 2002, dixit mon ami Wikipedia, 150 ateliers emploiaient 8 000 peintres qui ont chacun leur spécialité (portraits, tableaux de Van Gogh, peinture traditionnelle chinoise, Léonard de Vinci, cubisme, etc.). 60% des copies à l’huile mondiale seraient d’ailleurs créés là.
Dans la culture locale, les artistes ne considèrent pas la copie comme quelque chose de mal mais comme un grand savoir faire qui leur permet de gagner leur vie tout en pratiquant leur art. Pour ma part, en arpentant les rues, je suis épatée par la dextérité des artistes qui créent des œuvres sublimes.
Au dehors, de nombreux cours de peinture sont donnés à même la rue. C’est une ambiance très agréable et j’ai un vrai coup de coeur pour cet endroit insolite !
Nous continuons notre balade jusqu’à Dongmen, une zone piétonne spécialisée dans la streetfood. Des marchés immenses vendent toutes sortes de choses à manger : brochettes, pancakes aux oignons, fruits de mer, patates sautées, desserts colorés. Nous nous en donnons à cœur joie et goûtons de tout.
Puis, nous terminons la soirée en écoutant un groupe de RnB sud-africain chanter divinement bien au coeur d’un bar en haut d’une tour. Une journée parfaite en somme.
La soupe d’ailerons de requins est un plat gastronomique chinois, souvent servi lors de mariages ou d’événements importants… tel que le foie gras chez nous. (Et tout aussi discutable éthiquement…).
Samedi, lorsque notre amie Yu invite le groupe de randonnée auquel nous faisons partie pour un repas de fin d’année, elle met les petits plats dans les grands: porc au barbecue fait maison, salade de papaye, légumes divers, rouleaux de choux, boulettes de viandes, crevettes sautées aux vermicelles… et la fameuse soupe d’ailerons de requins (en version vegan, je vous rassure). Elle a passé des heures en cuisine.
La version vegan des ailerons de requins est faite à partir d’une sorte de champignon et de konjac, une racine sud-asiatique. Elle a été créé dans les années 50-60 à Hong Kong et a permis de démocratiser ce met de luxe. L’aileron de requin étant gélatineux, il a fallu réussir à imiter cette texture particulière. Cette soupe est devenue un classique de la cuisine de rue hongkongaise.
La soupe en elle-même est effectivement gélatineuse et très salée. Elle comprend cette imitation, effilée en petites lamelles, des champignons et divers légumes. C’est plutôt bon.
Je demande donc à notre hôte si ça a vraiment le même goût que les ailerons et elle me le confirme : « En fait, l’aileron de requin n’a pas vraiment de goût. C’est ce qu’on met dans la soupe qui fait illusion, le bouillon, les légumes… »
Je lève un sourcil. L’humain est quand même bien bête: tuer des animaux qui n’ont pas de goût… pour en faire des mets de luxe ? Mais l’aileron de requin est sensé avoir des vertus aphrodisiaques ou encore prévenir le cancer en médecine traditionnelle… Je pense que cela suffit donc pour que son commerce fleurisse.
Pour ma part, je me contenterai donc de ma soupe de requins vegan !
[Pour info, depuis quelques années, la commercialisation des ailerons de requins est régulée à Hong Kong et des permis et autorisations sont nécessaires pour en vendre… En Chine, c’est interdit depuis 2012 si je ne m’abuse.]
Sur la Bowen Road, se tient une petite statue dorée. Alors que je m’en approche, je suis frappée par l’odeur d’encens. Elle est en effet encerclée de dizaines de bâtons qui fument. L’odeur est enivrante et le vent sème les parfums aux alentours. Des noix de coco, des fleurs et des fruits frais sont également disposés sur son piédestal.
Soudain, un couple s’approche. Ils tiennent dans leur main un gâteau à la crème recouvert de fruits confits. La pâtisserie est sublime et vient d’une boulangerie réputée. La femme sort un couteau et une assiette et en coupe deux belles tranches. Elle s’approche alors de la statue et les pose devant elle.
L’offrande est gourmande… Ils s’asseyent alors face à la statue et mangent le reste du gâteau en observant leur divinité.
Hier, j’ai commandé des haricots verts dans ma ferme bio. Les haricots sont un légume assez classique de la cuisine hongkongaise et on peut en commander très facilement dans les restaurants de dim sum où ils sont servis sautés avec une petite sauce absolument délicieuse !
Mais, quelle ne fût pas ma surprise en recevant ma commande. Les haricots mignons que j’attendais étaient gigantesques !
Après avoir fait quelques photos marrantes, j’ai fait quelques recherches et découvert que la variété d’haricots poussant en Asie du Sud Est est le fameux « haricot kilomètres ».
Sa plante (qui est une variété grimpante) atteint les 3 à 4 mètres de hauteur… et ses gousses peuvent mesurer de 80cm à un mètre !
Bref, en plus de pouvoir me permettre de me faire une perruque, sachez qu’ils sont délicieux.