23 mai – Les conversations du train

L’un de mes péchés mignons depuis que je suis à nouveau dans un pays où je comprends ce qu’il se passe autour de moi est d’écouter les conversations des gens dans le train.

Ce soir, dans le 18h15 qui va à Neuchâtel, mes oreilles traînent comme à leur habitude quand la femme derrière moi appelle une amie.

« J’ai rencontré un homme qui a essayé de m’empêcher d’aller prier le chapelet à la messe de mercredi soir… », souffle t’elle.

Après un échange plutôt cocasse, la conclusion est sans appel : ça devait être le Malin…

Je crois que je vais encore laisser traîner mes oreilles quelques temps. C’est trop savoureux.

14 avril – Les drôleries du train

Je suis assise dans le TGV pour rentrer en Suisse. Mon voisin, un hispanophone très sympathique, se tourne vers moi :

– J’ai une consigne à vous donner : si je ronfle, donnez moi des coups de coude. J’ai de l’apnée du sommeil et je n’ai pas envie qu’on me jette du train.

Je rigole et j’obtempère.

Quinze minutes plus tard, il ronfle comme un camion, le menton calé sur sa poitrine. Il n’avait pas menti.

14 mars – Lipton

Une amie de Shanghaï se confie autour d’un verre.

– Je bosse depuis peu dans le département marketing de Lipton pour la Chine.

Elle soupire.

– Ce n’est pas facile de promouvoir la marque Lipton en Chine…

Je ne peux que comprendre. Pourquoi ses clients voudraient-ils acheter du Lipton alors que leur pays produit les meilleurs thés au monde ? Ce serait comme faire du marketing pour du fromage en tube en Suisse ou en France… une hérésie !

30 novembre – La Gentillesse

Je rentre à la maison, les bras chargés de sacs en tous genres. Soudain, une femme me tape sur l’épaule. Elle est jeune, a un air doux.

– Votre lacet est défait.

Je baisse les yeux. Elle a raison. Je déplace un sac sur une hanche mais je galère un peu. Et là, sans rien me demander, elle saisit un de mes paquets.

– Prenez votre temps, me dit elle.

Je rattache ma chaussure, récupère mes affaires et elle file, sans que j’aie même le temps de la remercier. Je la regarde s’éloigner avec sa robe rouge et ses longs cheveux noirs qui caracolent sur sa nuque.

Je crois que j’ai rencontré la Gentillesse.

12 octobre – Une boulangerie suisse

En me baladant en tram dans le quartier de North Point, j’aperçois un magasin arborant fièrement le signe de « boulangerie suisse ». Mon coeur ne fait qu’un bond et mes papilles se mettent à saliver en pensant au pain tessinois, aux croissants de Sils, au pain aux graines ou aux délicieuses tresses.

Ni une ni deux, je descends précipitamment du deck supérieur pour sortir au prochain arrêt. Je passe ma carte sur le lecteur… le véhicule s’arrête et je me précipite à l’extérieur.

Quand je pousse les portes de la boulangerie, je ferme les yeux pour humer la bonne odeur. Mais… rien. Je les réouvre et là, la déception est à la hauteur de ma passion pour une bonne tartine de Cenovis. Devant moi : des pineapple buns, des coconut bun, des pains mous et farcis représentatifs de la cuisine hongkongaise.

La passion des Hongkongais pour coller le mot « suisse » à des choses qui n’ont rien à voir avec notre pays a encore frappé !