26 septembre – Les rebelles des champs

Le car postal est rempli d’écoliers qui doivent avoir 9-10 ans. Autour de nous, des champs à perte de vue. Le bus croise à peine un tracteur qui s’avance sur la route.

Soudain, un gang de rebelles se met à hurler :

– Frère ! J’hallucine. C’est grave relou. Le bus va avoir 2 minutes de retard.

– Gros, les bouffons… jamais à l’heure.

Les deux garçonnets ont les cheveux en bataille, des lunettes et un t-shirt Spiderman.

Dans un langage fleuri de verlan… teinté d’accent vaudois… ils pestent contre les retards des transports publiques.

On est Suisse, ou on ne l’est pas !

12 septembre – La mémoire des contrôleurs

En Suisse, le système de contrôle dans les trains reste encore traditionnel. Pas de bornes à l’entrée des gares, on laisse le client acheter son billet et monter dans le train sans vérification. Ensuite, le placement est libre. Pas de places numérotées comme en Chine ou en France. Chacun s’assied où il le veut, selon la classe payée.

Pendant le trajet, le contrôleur passe alors. Il doit arpenter le wagon à chaque gare et pourtant, il ne se trompe jamais, ne redemandant pas de voir le ticket des gens déjà contrôlés.

31 août – Chronique d’un voyage en train

10h : je rentre dans la gare de Kowloon West. Il y a peu de monde. Je mets 50 minutes à passer toutes les formalités douanières et je pénètre dans la salle d’attente, beaucoup plus sobre que ses collègues chinoises. Pas de fauteuils massants ni de KFC ici. Juste des sièges et un superbe mur de végétation que j’observe avec attention.

11h25 : je suis assise dans le train. Une serveuse passe avec des tasses de café suivie par une femme portant des glaces. Mon voisin est un jeune homme tout mince, en survêt avec une coupe en brosse. Il voyage avec sa famille assise juste de l’autre côté de l’allée.

11h45 : après les cafés et les glaces, c’est les plats cuisinés en barquette qui passent. Les gens achètent avec WeChat. Ma voisine de droite, une vieille femme au pull vert-jaune et à la coupe de Mireille Matthieu, a sorti un tupperware de poires et des crackers. Elle alpague son petit-fils à ma gauche pour lui en proposer. Ca grignote et le wagon se remplit d’odeurs.

11h54 : La voisine a sorti des raisins, des pommes et des Kinder Bueno. Après s’être tendus des victuailles au dessus de moi pendant quelques minutes, je propose à mon voisin d’échanger de place pour être à côté de sa grand-mère. Il accepte, soulagé et reprend les grignotis ! Puis il se lève et va acheter au wagon restaurant 2 plateaux repas. Quand il revient et les ouvre, je suis contente d’avoir pris mon pique-nique.

13h04 : les paysages défilent. La tradition se mêle à la verdure et au béton dressé. Dans le couloir, une femme passe avec un sac poubelle pour récolter les déchets. La grand-mère dort après le lourd repas. Derrière moi, une jeune fille regarde une vidéo à plein volume…

14h10 : nous traversons une ville vide. Sur une route à six voies, seul un scooter avance. Sur le quai de la gare, personne. Je vérifie sur Google. 8 millions de gens vivent ici. Pourtant, c’est si calme qu’on se croirait dans mon village natal.

14h43 : devant les toilettes, le distributeur d’eau chaude. Les gens font la queue avec leurs bols de nouilles instantanées.

15h45 : nous arrivons à Nanchang. Beaucoup de gens sortent. Une frénésie s’empare du wagon. Tout le monde se lève et par un mécanisme très ingénieux fait tourner les sièges dans l’autre sens. Le train change de direction et c’est une méthode hyper simple pour que nous voguions dans le bon sens. J’imite le mouvement. Un groupe s’empresse de m’aider avec une extrême gentillesse. C’est si rapide et si intelligent que je regrette de ne pas avoir pu filmer.

16h30 : j’ai un nouveau voisin. Il a semblé très perturbé par ma présence les 15 premières minutes puisque je me suis sentie extrêmement observée. Puis, il s’y est fait et s’est endormi contre la fenêtre. C’est un monsieur d’une cinquantaine d’années, bronzé, les cheveux ras striés de blanc et l’air sérieux. Il porte un t-shirt kaki et un sac où il est écrit Mexicain. (Je profite de son sommeil pour l’observer à mon tour… y a pas de raison).

16h56 : mon voisin a sorti une cuisse de canard sous vide de son sac. Sur l’emballage, une jeune femme en robe rouge, très sexy. Il ouvre l’emballage et attaque son snack dont la chaire est rouge vif. Ca doit être du canard au piment.

17h37 : les voisins de derrière écoutent une chanson traditionnelle. Mon voisin apprécie. Il se met à chantonner. C’est joli.

17h49 : alors que nous rentrons en gare à Jinhua, Hong Kong active son signal 1 pour le typhon. J’ai fui la tempête à venir.

18h09 : je commence à m’ennuyer. Mon voisin aussi. Il baille à s’en décrocher la mâchoire.

18h24 : le film expliquant les « do » et les « don’t » du train est vraiment drôle. Je rigole toute seule.

18h55 : on y est presque. Hangzhou se déploie dans l’obscurité. Shanghai est toute proche. Dans 30 minutes, j’arriverai à bon port.

19h02 : je termine un excellent podcast sur Ernest Shackelton, un marin aventurier. Mon périple en train avec des crackers dans mon sac et un téléphone à portée de main me semble bien anodin à côté de ces explorateurs d’un autre temps.

19h25 : le train arrive pile à l’heure. La foule se masse près des escalators. Je suis le mouvement. C’est si rapide qu’en 6 minutes à peine je suis dehors. Il pleut mais il fait doux.

Shanghai… j’arrive !

28 août – Les jardins suspendus

J’attends le bus. Face à moi se trouve un immeuble immense et sans charme. Seul ornement, un petit balcon suspendu qui doit se trouver au troisième étage de la bâtisse. Mais le propriétaire en a pris soin. Des dizaines de plantes en pot verdissent la grisaille.

Sur l’un des arbres, soudain, se pose un joyeux oiseau. C’est un Bulbul orphée reconnaissable avec sa queue rouge et sa petite crête de punk. Il chante, chante, chante la semaine qui débute.

Les passants lèvent les yeux de leur téléphone. Un brin de poésie matinale.

25 août – Les saveurs du Shaanxi

Aujourd’hui, avec nos compères de sorties restos, nous décidons d’aller tester une cuisine chinoise que nous ne connaissons pas : celle de la province du Shaanxi.

La semaine prochaine, mon album 2000 ans de sagesse sortira. Et l’histoire se déroule dans le Shaanxi. C’était donc une sortie de rigueur !

En résumé, le Shaanxi est une région située au Nord-est de la Chine, dont la ville la plus célèbre est Xi’an avec son armée de terre cuite.

Parmi les plats les plus célèbres de la province, se trouve le « hamburger chinois », des petits pains ronds et plats fourrés à la viande. Mais on trouve également beaucoup de nouilles (longues et collantes), de la viande d’agneau et de mouton. Et surtout… en raison de sa proximité avec le Sichuan : du piment !

Nous avons opté pour l’option « peu épicé » et c’était déjà très épicé. Le restaurant était très joli et le personnel adorable. Et de plus, c’etait honnêtement très très bon !

Si vous aussi vous voulez tester, voici l’adresse :

Yau Yuen Siu Tsui

G/F, 36 Man Yuen Street, Jordan