09h58 : Je suis pile à l’heure pour l’ouverture du mall qui abrite mon livre ! Devant les portes, un groupement de personnes âgées sur les starting block. Quand le gardien nous laisse entrer, c’est la cohue. Au 4e étage, Pitt observe la foule qui va et vient.
12h08 : A la station Changshou Road, un petit garçon, haut comme trois pommes pleure. Il a peur de rentrer dans le métro. Son grand-père transforme l’épreuve en jeu. Ils courent et sautent dans la rame comme s’ils étaient sur des chevaux volants. Le petit garçon s’assied et l’homme s’accroupit devant lui. Il lui raconte des blagues que je ne comprends pas mais qui font sourire tout le wagon.
12h23 : dans le restaurant où je me suis enfilée, tout est en chinois. Il faut commander avec WeChat. Pour les plats, il ya des photos, c’est donc « facile ». Pour les boissons, j’y vais au bol… Je clique complètement au hasard sur les boutons… et je reçois le plus joli des verres !
14h30 : Je bois une boisson froide aux haricots assez délicieuse avec mon rendez-vous. Nous discutons art suisse sous les arbres de Shanghai, puis elle me montre des images des stations de ski chinoises. C’est magnifique !
16h30 : Je pousse la porte d’une librairie appelée Garden Book. A l’étage, un gros et beau chat se fait caresser par tous les clients qui passent. Je plonge à mon tour mes mains dans sa fourrure épaisse en admirant l’espace de lecture aménagé.
20h15 : la salade aux feuilles de thé du Yunnan est un pur délice.
22h45 : la baie scintille de mille feux. Puis, à 23 heures pile, tout s’éteint.
Pendant ce temps, Hong Kong se fait écraser par un typhon 10 !
Quand on est freelance, l’avantage c’est qu’on peut travailler de partout. Mais que lors de petits séjours, il faut quand même travailler. Heureusement, je suis astucieuse et je me suis dégagée quelques heures pour aller découvrir le quartier.
Je commence par le plus près de mon hôtel : le parc Jing’an et le temple du même nom. La journée commence en douceur entre pagodes plongeant sur des bassins de carpes koï et moines vaquant à leurs occupations tandis que les touristes agitent des bâtons d’encens et jettent des pièces avec entrain dans de grands vases en bronze. Des robes oranges sèchent sur des cordes à linge. C’est beau et c’est paisible.
Je décide de remonter l’avenue jusqu’au People’s park. Les boutiques de luxe cèdent peu à peu la place aux magasins plus intimistes. Les rues sont larges. Il fait agréablement doux et je ne transpire pas 24 litres en faisant 10 mètres. Shanghai est décidément agréable.
Arrivée au parc, je le sillonne un peu. Un homme dort sur un banc dans une position si étrange qu’on dirait qu’il n’a pas de tête. J’observe des nénuphars géants recouvrir un étang avant de chercher un musée que je ne trouverai jamais. Je mange un morceau sur une terrasse. Ça aussi, c’est incroyable ! La serveuse est d’une gentillesse à toute épreuve.
Mais il est l’heure de se mettre au boulot et je reprends le métro en sens inverse…
Le soir, nous retrouvons notre amie D. après 4 ans sans avoir pu se voir ! Et la nuit s’étend de ces retrouvailles attendues.
10h : je rentre dans la gare de Kowloon West. Il y a peu de monde. Je mets 50 minutes à passer toutes les formalités douanières et je pénètre dans la salle d’attente, beaucoup plus sobre que ses collègues chinoises. Pas de fauteuils massants ni de KFC ici. Juste des sièges et un superbe mur de végétation que j’observe avec attention.
11h25 : je suis assise dans le train. Une serveuse passe avec des tasses de café suivie par une femme portant des glaces. Mon voisin est un jeune homme tout mince, en survêt avec une coupe en brosse. Il voyage avec sa famille assise juste de l’autre côté de l’allée.
11h45 : après les cafés et les glaces, c’est les plats cuisinés en barquette qui passent. Les gens achètent avec WeChat. Ma voisine de droite, une vieille femme au pull vert-jaune et à la coupe de Mireille Matthieu, a sorti un tupperware de poires et des crackers. Elle alpague son petit-fils à ma gauche pour lui en proposer. Ca grignote et le wagon se remplit d’odeurs.
11h54 : La voisine a sorti des raisins, des pommes et des Kinder Bueno. Après s’être tendus des victuailles au dessus de moi pendant quelques minutes, je propose à mon voisin d’échanger de place pour être à côté de sa grand-mère. Il accepte, soulagé et reprend les grignotis ! Puis il se lève et va acheter au wagon restaurant 2 plateaux repas. Quand il revient et les ouvre, je suis contente d’avoir pris mon pique-nique.
13h04 : les paysages défilent. La tradition se mêle à la verdure et au béton dressé. Dans le couloir, une femme passe avec un sac poubelle pour récolter les déchets. La grand-mère dort après le lourd repas. Derrière moi, une jeune fille regarde une vidéo à plein volume…
14h10 : nous traversons une ville vide. Sur une route à six voies, seul un scooter avance. Sur le quai de la gare, personne. Je vérifie sur Google. 8 millions de gens vivent ici. Pourtant, c’est si calme qu’on se croirait dans mon village natal.
14h43 : devant les toilettes, le distributeur d’eau chaude. Les gens font la queue avec leurs bols de nouilles instantanées.
15h45 : nous arrivons à Nanchang. Beaucoup de gens sortent. Une frénésie s’empare du wagon. Tout le monde se lève et par un mécanisme très ingénieux fait tourner les sièges dans l’autre sens. Le train change de direction et c’est une méthode hyper simple pour que nous voguions dans le bon sens. J’imite le mouvement. Un groupe s’empresse de m’aider avec une extrême gentillesse. C’est si rapide et si intelligent que je regrette de ne pas avoir pu filmer.
16h30 : j’ai un nouveau voisin. Il a semblé très perturbé par ma présence les 15 premières minutes puisque je me suis sentie extrêmement observée. Puis, il s’y est fait et s’est endormi contre la fenêtre. C’est un monsieur d’une cinquantaine d’années, bronzé, les cheveux ras striés de blanc et l’air sérieux. Il porte un t-shirt kaki et un sac où il est écrit Mexicain. (Je profite de son sommeil pour l’observer à mon tour… y a pas de raison).
16h56 : mon voisin a sorti une cuisse de canard sous vide de son sac. Sur l’emballage, une jeune femme en robe rouge, très sexy. Il ouvre l’emballage et attaque son snack dont la chaire est rouge vif. Ca doit être du canard au piment.
17h37 : les voisins de derrière écoutent une chanson traditionnelle. Mon voisin apprécie. Il se met à chantonner. C’est joli.
17h49 : alors que nous rentrons en gare à Jinhua, Hong Kong active son signal 1 pour le typhon. J’ai fui la tempête à venir.
18h09 : je commence à m’ennuyer. Mon voisin aussi. Il baille à s’en décrocher la mâchoire.
18h24 : le film expliquant les « do » et les « don’t » du train est vraiment drôle. Je rigole toute seule.
18h55 : on y est presque. Hangzhou se déploie dans l’obscurité. Shanghai est toute proche. Dans 30 minutes, j’arriverai à bon port.
19h02 : je termine un excellent podcast sur Ernest Shackelton, un marin aventurier. Mon périple en train avec des crackers dans mon sac et un téléphone à portée de main me semble bien anodin à côté de ces explorateurs d’un autre temps.
19h25 : le train arrive pile à l’heure. La foule se masse près des escalators. Je suis le mouvement. C’est si rapide qu’en 6 minutes à peine je suis dehors. Il pleut mais il fait doux.