28 novembre – Nanxiang

Lors de mon petit séjour à Shanghai, je décide d’aller explorer Nanxiang.

Située dans le district de Jiading, elle est très facilement accessible en métro, ce qui m’a d’emblée séduite. J’ai toujours des problèmes avec mon WeChat et toute seule, j’ai toujours un peu peur de me retrouver coincée quelque part.

Je pars donc de Jing’an vers 10h et 45 minutes plus tard, me voilà totalement dépaysée. Nanxiang est une bouffée de traditions au cœur de la mégalopole chinoise : canaux et maisons traditionnelles, jardins chinois et spécialités… c’est magnifique.

Je traverse des ruelles où le linge sèche aux fenêtres avant d’arriver dans la rue principale. Je me balade, admire l’architecture des maisons, flâne dans un temple sublime, datant de l’an 505, qui abrite un étang avec des milliers de poissons.

Je me dirige ensuite vers le jardin Tan, une ancienne maison de maître, ayant appartenu à l’artiste Li Liufang, qui a vécu au 16e siècle. Au sein de son jardin, il accueillait des collègues artistes avec qui il discutait poésie et peignait. Le rêve absolu. Quand la dynastie des Qing fut remplacée par celle des Ming, tout fût détruit. Une réplique du jardin fût reconstruite dernièrement en se basant justement sur les diverses œuvres réalisées ici même et le résultat est sublime.

Après ces diverses contemplations, mon corps se rappelle à moi. J’ai faim. Et cela tombe bien puisque Nanxiang est le berceau d’un des délices de la gastronomie chinoise : le xiao long bao. C’est en résumé un petit ravioli à la viande qui contient une soupe à l’intérieur. Cette soupe est intégrée sous forme de bouillon solide lors de la préparation qui va se liquéfier sous l’effet de la cuisson vapeur. J’adore cela. J’arpente donc les ruelles. Diverses choses aux odeurs plus ou moins étranges sont vendues, quand soudain j’entends une femme crier xiao long bao. Je rentre dans l’établissement. Tout est en chinois alors je choisis un peu au bol. Seule contrainte : la quantité minimale est de 18 pièces. Je suis seule. Mais bon, je ferai un effort, hein ? Le restaurant est vraiment un buibui. Au milieu de la pièce, un récipient est posé pour que les serveurs puissent cracher. Sous un banc, un chat mamie les restes. Je me rassure en me disant que les xiao long bao sont bien cuits. Quand le plat arrive, je suis conquise. C’est beau, ça sent bon et ce sont les meilleurs que j’aie jamais mangé.

Dix huit raviolis plus tard, je continue mon chemin. Il est temps de visiter le dernier jardin de Nanxiang, celui de Guyi, un jardin traditionnel plein de roches, de lacs et de gens qui se prennent en photo. C’est tellement tellement sinueux que je me perds et n’arrive plus à en ressortir !

Je rentre ensuite tranquillement vers le centre de Shanghai. Les routes remplacent les canaux… les buildings, les roches et les pagodes. Je reviens dans le monde moderne.

24 novembre – Les confidences

Mon voisin est bavard. A peine assise, il commence à me raconter sa vie : sa carrière entre le Canada, Shanghai et Hong Kong, ses parents qui ont déménagé pour vivre près de lui, ses enfants, la carrière de juge de sa fille, ses rêves de jeunesse, son activité de benevole au temple taoïste… tout.

Il me pose pleins de questions dont les très indiscrètes – classiques en Chine – qui font frissonner ma culture suisse : quel est mon salaire, combien est ce que je paye pour mon loyer ou mon assurance maladie. Je ne m’y fais toujours pas alors je louvoie pour ne pas lui répondre.

Il sort alors son téléphone et le diaporama commence : de ses vacances en Malaisie à la remise de diplôme de la petite dernière, en passant par ses talents de cuisiner…

7h de trajet, les amis ! De quoi tout savoir sur quelqu’un !

23 novembre – Bagages

Alors que je finalise ma valise pour mon week-end à Shanghai, Nicolas me dit : « Tu sais, Shanghai-Hong Kong, c’est comme rejoindre le Danemark depuis la Suisse. Tu devrais donc prendre une plus grosse veste. »

Je hausse un sourcil. Aller au Danemark depuis la Suisse en train, cela prendrait… allez je vérifie… au mieux 18h de voyage, 24h dans la majorité des cas. Je réalise alors que je vais prendre un train rapide et que les trains rapides chinois sont d’une efficacité redoutable… Les trains occidentaux auraient de quoi en prendre de la graine.

Je monte donc à 1220 km au nord de Hong Kong. Nicolas a raison, une veste sera donc nécessaire !

22 octobre – Voulez-vous épouser mon fils ?

Ce dimanche, de passage à Shanghai, je traverse le People’s park et je tombe sur une scène très atypique : des centaines de séniors sont alignés devant des papiers présentant les caractéristiques de leurs enfants: taille, âge, poids, revenu, scolarité, taille de leur appartement, etc. Tout y est. Ces infos sont notées sur des papiers et collées sur le sol ou sur des parapluies.

Pendant ce temps, les badaux déambulent, regardent ce que les autres ont à offrir et négocient si besoin. Nous sommes au marché du mariage !

En gros, cet endroit permet aux parents de trouver un partenaire idéal à leur enfant. Les parents se promènent et discutent avec d’autres parents pour voir s’il y a une entente possible.

Au sein du marché lui-même il y a plusieurs zones divisées par années de naissance, croyances religieuses, ouvertures aux autres nationalités ou pour les gens divorcés. Et parmi ces zones, des entremetteurs se baladent et pour une certaine somme, ils se mettent en chasse pour vous. Mais je ne peut pas vous en dire plus. Tout est en chinois.

En m’y promenant, je me fais alpaguer deux fois. Un homme de quarante ans vient me demander si je voudrais bien l’épouser (il y a donc bel et bien des célibataires qui viennent également pour se représenter eux-mêmes). Puis, plus tard, un vieux me propose de devenir sa belle-fille. C’est plutôt atypique… et je me demande si beaucoup de demandes de ce types aboutissent.

Il semblerait même que certains parents n’attendent pas l’autorisation de leur enfant pour poster une annonce les concernant. J’imagine les disputes familiales provoquées par ce genre de choses.

Je passe sous un pont. Une femme expose une série de photos à un homme d’âge mûr. D’autres gens parlementent. Je jette des regards curieux…

Qui sait… cet après-midi même, des unions seront scellées ?

03 septembre – Musique et porc laqué

Le samedi, après un rendez-vous dans l’une des plus belles librairies que j’aie jamais vu, nous rejoignons D. pour déguster de la pure cuisine shanghaiaise. Soupe aux wontons de poisson, porc laqué sucré et caramélisé, riz sauté, légumes et rouleaux croustillants et à l’oeuf : tout est un délice. La cuisine de Shanghai est très sucrée comparativement à celle du Fujian et de Hong Kong.

Nous allons ensuite nous balader. Nous passons dans une librairie installée dans une ancienne église orthodoxe, découvrons la maison de Sun Yat Sen et tombons par hasard sur un festival dédié au ketchup en pleine ville. Il fait doux et c’est très agréable.

Dans un parc, des hommes jouent aux échecs et profitent de la météo. L’un d’eux vient discuter avec nous. « Je m’appelle MacIntosh, comme l’ordinateur! C’est mon nom anglais. », nous dit il fièrement!

Nous nous perdons dans la concession française, errons sous les platanes et c’est très agréable !

Le soir, D. nous emmène dans la banlieue de Shanghaï pour voir un concert avec les artistes Andreas Kern et Paul Cibis. Le spectacle est original : les deux musiciens s’affrontent en battle sur des airs de musique classique. A la fin de chaque round, le public vote. Andreas joue le pianiste rigolo versus Paul, le traditionnel. C’est très amusant et le public rit à gorge déployée tandis que l’artiste joue du Chopin avec ses coudes. Derrière moi, un petit garçon saute sur les sièges tant il est content. A la fin, le pianiste allemand chante une chanson en mandarin et j’applaudis la performance, sachant à quel point c’est un challenge.

Le concept est brillant et doit détonner dans le monde sage et posé de la musique classique. Nous passons un excellent moment.

Notre séjour shanghaiais touche à sa fin. Il est temps de retrouver la maison.

J’ai adoré cette ville si différente de Hong Kong et me rejouis de la retrouver prochainement pour de nouvelles découvertes !